Ces dernières semaines, le volcan Poás a fait parler de lui. Ce géant capricieux, l’un des plus actifs du Costa Rica, s’est réveillé avec une série d’explosions et de panaches gazeux qui ont redessiné le paysage de son cratère emblématique. À seulement une heure de route de San José, ce volcan qui attire habituellement les touristes pour son lac acide d’un bleu laiteux est désormais sous haute surveillance.
Les images circulant sur les réseaux sociaux montrent des colonnes de vapeur s’élevant brutalement du cratère principal, parfois accompagnées de projections de roches incandescentes. L’Observatoire vulcanologique et sismologique du Costa Rica (OVSICORI) a enregistré une augmentation notable des tremblements volcaniques, signe que le magma est en mouvement sous la surface. Les explosions, pour l’instant de type phréatique, résultent de la rencontre entre l’eau infiltrée et les températures brûlantes des profondeurs.
Pour les habitants des alentours, ce regain d’activité est une habitude – le Poás grogne souvent – mais cette fois, l’intensité interpelle. Les autorités ont temporairement restreint l’accès au parc national, même si le risque pour les populations reste faible. Les guides locaux racontent que les éruptions stromboliennes, bien qu’impressionnantes, sont rarement dangereuses tant qu’on garde ses distances. Le vrai danger, ce sont les gaz toxiques qui s’échappent en continu, un mélange suffocant de dioxyde de soufre et d’acide chlorhydrique.
Pourtant, malgré les avertissements, les amateurs de sensations fortes continuent d’affluer. Certains visiteurs chanceux ont pu filmer les secousses du lac acide, dont les eaux turquoises bouillonnent soudainement avant de projeter des gerbes de boue à plusieurs mètres de haut. D’autres décrivent un bruit sourd, comme un grondement de tonnerre, précédant chaque explosion.
Les scientifiques, eux, scrutent les données avec attention. Le Poás est imprévisible : après des décennies d’éruptions modérées, il avait connu en 2017 une crise majeure, contraignant les autorités à fermer le parc pendant près d’un an. Aujourd’hui, la question est de savoir si cette nouvelle phase annonce un simple épisode passager ou une escalade plus sérieuse. Les instruments mesurent en permanence la déformation du sol, la composition des gaz et les variations thermiques – autant d’indices pour tenter de prévoir ses prochains soubresauts.
En attendant, la vie continue autour du volcan. Les plantations de caféiers, nichées sur ses pentes fertiles, semblent ignorer l’agitation souterraine. Seuls les oiseaux, plus discrets qu’à l’accoutumée, trahissent peut-être une certaine nervosité. Le Poás, lui, suit son propre rythme, comme il le fait depuis des millénaires.
Pour ceux qui rêvent de l’observer de près, mieux vaut se renseigner avant de partir : les conditions d’accès changent au gré de son humeur. Une chose est sûre, ce volcan-là n’a pas fini de surprendre.
